Bobby Fischer

Début le 20 janvier 2008

Bobby Fisher nous a quitté à 64 cases

Echec et mat. Le légendaire champion d’échecs Bobby Fischer, qui avait trouvé refuge en Islande après avoir failli finir dans une prison américaine, est mort jeudi à l’âge de 64 ans à Reykjavik en Islande.
«Je confirme qu’il est mort hier à son domicile des suites d’une maladie», a déclaré l’un de ses proches Garder Sverrisson sans donner davantage de précisions sur la cause du décès. Les médias islandais ont également annoncé la mort du grand champion d’origine américaine mais naturalisé islandais en 2005 après une série de déboires.
«Nous savions qu’il était malade depuis plusieurs mois mais nous ne savions pas de quoi», a déclaré un journaliste du quotidien islandais Morgunbladid, Gudmundur Hermannsson. Selon Morgunbladid, Fischer avait été hospitalisé l’année dernière sans que l’on sache pourquoi.
Génie des échecs à la personnalité excentrique, le joueur était considéré par beaucoup comme le plus grand joueur d’échecs de tous les temps.
Guerre froide
Connu pour son fort caractère, l’ancien champion du monde d’échecs, avait été pour les Américains l’un des symboles de la lutte contre le communisme pendant la Guerre froide en battant les plus grands champions soviétiques. En 1972, à Reykjavik, ce génie américain de 29 ans avait brisé 24 ans d’hégémonie soviétique en battant Boris Spassky, alors meilleur représentant de l’école russe, lors d’un championnat du monde d’anthologie.
Né le 9 mars 1943 à Chicago (Illinois), il abandonne en 1959 l’école qu’il considère comme une perte de temps pour devenir professionnel. En 1968, il se retire durant 18 mois pour préparer sa revanche contre les Soviétiques qui règnent depuis 1948 sur le monde des échecs.
Son retour -à la demande expresse de Henry Kissinger-- est triomphal et son duel très médiatisé contre Spassky aux championnats du monde de 1972 à Reykjavik marque l’apothéose de sa carrière. Après cette victoire, Fischer disparaît de la scène.
En 1975, il conteste les règles de la Fédération internationale des échecs (FIDE), ce qui lui vaut d’être dépossédé de son titre, attribué au Soviétique Anatoli Karpov. Pendant 20 ans, rien ne le fera revenir, ni les millions de dollars offerts par des organisateurs de Las Vegas ou Manille, ni une situation personnelle précaire après avoir été ruiné.
Imprévisible et taciturne, le champion vivait reclus, fuyant les journalistes et les médias et les accusant de «monter le public» contre lui.
Match revanche
En 1992, il revient sur le devant de la scène pour disputer au Monténégro un «match revanche» contre Spassky avec qui il est devenu ami. Cette revanche «vingt ans après» -pour laquelle il touche 3,35 millions de dollars-- se déroule dans l’ex-Yougoslavie au mépris d’un embargo économique de l’ONU alors en vigueur. Après avoir encaissé la prime de vainqueur, il est inculpé par la justice américaine de transaction commerciale illégale et sous le coup d’un mandat d’arrêt.
Fischer (à d.) en 1992 contre Spassky. Un match retour, 20 ans après sa victoire de Reykjavik. (Reuters)
Il est arrêté en juillet 2004 à l’aéroport international de Tokyo-Narita alors qu’il tente de quitter le pays muni d’un passeport américain annulé.
Il n’y a aucun doute que ses opinions, quelque peu paranoïaques, dérangent. Il déclare haïr l’Amérique, au point de qualifier les attentats du 11 septembre 2001 de «nouvelle merveilleuse» sur une radio philippine et, en dépit d’une mère juive, affiche de virulentes positions antisémites.
Installé en Islande, où il a obtenu la naturalisation en mars 2005, il restait sous la surveillance des autorités américaines qui disaient vouloir toujours son arrestation et son extradition.

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